Il y a 6 ans, Valérie et Hubert, membres de Bures en transition, se sont lancés dans un projet ambitieux de construction d’un immeuble basse consommation.
Quels étaient vos objectifs ?
Nous voulions accueillir des chercheurs étrangers dans des studios confortables, avec un contrat de location simple, sans charges additionnelles donc avec des dépenses énergétiques et une consommation d’eau minimisées. Par ailleurs, nous avions un réel impératif esthétique.
Quelles sont les caractéristiques du bâtiment ?
Une arête centrale en parpaings pleins isolés, obligatoire pour la sécurité incendie de la cage d’escalier, apporte une inertie thermique à l’ensemble. Les modules en ossature bois y sont « accrochés » : 3 niveaux pour 17 studios et la buanderie. Trois peaux isolantes viennent emballer le tout : laine de bois, laine de verre et laine de roche. Le sol et le toit ont chacun un mètre d’isolants au total. Les fenêtres sont triple vitrées.
Le système de chauffage repose sur une petite chaudière thermodynamique de 3,5 Kw (8 panneaux d’échange extérieurs). Un équipement identique assure la production d’eau chaude avec 2 ballons de 500 litres. Une ventilation double flux complète le système : la chaleur de l’air sortant réchauffe l’air entrant. L’hiver, pour une T° extérieure de 7°C, l’air ventilé entrant est de 17°C. L’été, le bâtiment conserve la fraicheur, en favorisant une ventilation nocturne.
Tout a été pensé pour réduire la consommation d’électricité et d’eau : LED, induction, douchettes économiques. Les congélateurs, chauffe-eau, lave-linge et sèche-linge sont collectifs, l’eau de pluie est récupérée dans une citerne.
Et financièrement parlant ?
Le tarif avantageux du constructeur, tenté par le défi, a permis d’augmenter les capacités énergétiques du bâtiment. C’est l’un des premiers immeubles locatifs privés très basse consommation en France, ce qui nous a valu de nombreuses visites d’architectes et constructeurs. La consommation d’énergie moyenne d’un locataire est à 9€/mois (hors location compteur).
Des bémols ?
Un bâtiment basse consommation est unique car ses caractéristiques dépendent de son environnement. C’est donc un prototype, sur lequel il y a des ajustements à faire. Nous avons dû déplacer les panneaux thermodynamiques. La serre sur le toit, sensée préchauffer l’air, s’est révélée une étuve l’été. Il faut donc la badigeonner de blanc à chaque saison pour réduire l’effet du soleil. Le compteur électrique imposé par ERDF est surdimensionné : le coût de l’abonnement dépasse celui de la consommation, même l’hiver !
Quel bilan tirez-vous de cette réalisation ?
Mais l’aventure fut passionnante et bien menée par notre architecte ! Il faut trouver les bons conseillers, avoir un peu de chance et surtout, le bon sens doit rester la règle. Quand l’isolation et la ventilation sont bien faites, le reste devient détail.
Nos locataires comprennent vite le fonctionnement du bâtiment : en été, les fenêtres doivent être fermées, en hiver, les volets doivent être ouverts pour laisser entrer le soleil, des radiateurs tièdes sont amplement suffisants… et pour les frileux, on peut mettre un pull l’hiver !